« Je veux être parfait(e) lorsque je parle anglais. »

Je n’ai pas assez de doigts pour compter le nombre de fois où j’ai entendu un client émettre ce commentaire. Que ce soit avant même d’entamer une démarche de coaching ou au cours de celle-ci, cette recherche de la perfection pèse lourd sur bon nombre de mes clients. L’impact que peut avoir cette quête sur le parcours d’une personne voulant améliorer ses compétences linguistiques peut s’avérer non seulement peu productif, mais aussi très pernicieux à différents degrés. Il s’agit d’un véritable couteau à deux tranchants.

Mes premières questions pour un client pour un tel scénario sont :

  1. Est-ce que vous parlez votre première langue PARFAITEMENT?
    et
  2. Combien de temps cela vous a-t-il pris pour apprendre à communiquer dans votre première langue selon un niveau vous permettant d’y naviguer avec une certaine aisance?

Les réponses à ces premières questions permettent d’amorcer le recadrage tant nécessaire pour réaligner et gérer les attentes entretenues par rapport aux objectifs de départ. Intégrer une 2e ou une 3e langue dépend grandement du niveau de persévérance face à l’atteinte de ces objectifs; inversement cela sera la raison principale pour laquelle un étudiant abandonnera en cours de route.

Avant d’apprendre une seconde langue, il faut se questionner.

Les objectifs sont-ils réalisables à l’intérieur de la période de temps dont vous disposez?

Par exemple, est-ce possible de devenir PARFAITEMENT bilingue en 45 heures de coaching?

Se poser la question, c’est y répondre. Est-ce que les moyens pour atteindre cet objectif d’apprendre rapidement une langue permettront réellement de rencontrer les résultats attendus?

Un autre exemple très répandu est celui de croire que d’écouter la radio, regarder la télévision et lire en anglais puissent occasionner une amélioration de l’expression orale. Regarder la télévision et lire en anglais vous aideront peu si votre objectif est d’améliorer votre interaction orale. Il s’agit d’activités plutôt passives ayant peu de retombées sur l’intégration d’une langue parlée.

La voie de la perfection

Je comprends que derrière cette motivation de bien parler cette langue, se cache un désir de bien performer, d’exceller, mais aussi la peur de l’échec et de ne pas être à la hauteur…

Paradoxalement, en mettant votre focus et vos énergies sur cet objectif de perfection, vous finissez invariablement à créer des conditions propices à difficilement réussir d’apprendre cette langue. Ce n’est pas tant la quête de cet idéal en soi qui soit néfaste, mais plutôt les distorsions cognitives (perceptions erronées) qu’elle entraine.

Même en créant les meilleures conditions d’apprentissage, intégrer une langue parlée comporte son lot de défis d’un point de vue non seulement linguistique, mais aussi sur les plans psychologiques et neurolinguistiques. Puisqu’elle fait abstraction de ces éléments si indispensables à un parcours d’apprentissage évolutif, l’enseignement conventionnel connaît de sérieuses limites. D’ailleurs, bien comprendre la mesure de vos perceptions sur votre motivation, (de vous-même, du monde qui vous entoure et du processus lui-même que d’intégrer un discours) jouera un rôle clé tout au long de votre processus d’apprentissage de cette langue..

Bien que la quête de la perfection reliée aux objectifs de départ peut représenter une source de blocage immédiate chez un client, elle peut créer un blocage neurolinguistique, ayant comme effet de carrément stopper le processus d’apprentissage de cette langue à différents moments du parcours. Un recadrage cognitif en lien avec les obligations de performance ou même une restructuration cognitive complète s’impose.

Apprendre une nouvelle langue, c’est possible

Communiquer dans une nouvelle langue requiert de maintes applications d’un même concept multipliées par de nombreux éléments de discours. Intégrer chacun de ces éléments implique, comme diraient mes clients, « faire de erreurs ». Mais les « applications répétées », comme je préfère les appeler, sont essentielles dans un processus d’intégration. Autrement dit, vous ne parviendrez pas à intégrer la langue parlée que si vous empruntez ce chemin. Le fait de penser que vous encaisserez un savoir passif pour un jour vous réveiller et que le tout sortira de votre bouche parfaitement, comme par magie, relève encore de ces attentes irréalistes complètement détachées du réel processus d’intégration d’une langue.

En évitant le piège de la quête de la perfection, vous parviendrez à créer des conditions d’apprentissage gagnantes. Avoir des attentes réalistes en lien avec le processus d’intégration de l’anglais et adopter un paradigme d’apprendre dans le but d’apprendre et non dans le but de performer (voir l’article Apprendre versus performer, en anglais et en français), vous marcherez déjà sur le chemin de la réussite. Comme dirait le psychiatre, David Burns, « Recherchez le succès, pas la perfection ».