Beaucoup de mes clients s’identifient comme ayant un “problème” lorsqu’ils se présentent à mon bureau pour la première fois. La complainte ressemble à :

« Mon PROBLÈME, c’est que ma compréhension de l’anglais et l’écrit, ça va, mais quand vient le temps de parler, j’ai plus de difficulté. »

 

Le recadrage neurolinguistique

Avant toute chose, je procède à un profilage du client en évaluant ses antécédents liés à l’apprentissage de l’anglais, et selon le profil, j’effectue ce que l’on appelle un recadrage neurolinguistique. C’est une fois ce recadrage terminé que mon client pousse habituellement un grand soupir de soulagement, en apprenant son statut de « normalité », tout comme s’il était en présence d’un médecin qui lui faisait part d’un résultat négatif suite à une analyse médicale.

Le simple fait d’étiqueter cette situation comme un problème devient problématique en soi. La façon dont vous percevez une situation devient le cadre de référence pour le cerveau.

 

Percevoir une situation comme problématique fait en sorte que
cet écueil s’installe réellement et détermine la manière
dont vous aborderez de futurs apprentissages.

 

Dans ce cas précis, il serait mieux de voir cette situation comme un défi qui se présente à tout francophone voulant améliorer ses compétences en interaction orale en anglais. La perception du client doit être alignée sur la situation réelle et non sur une situation perçue. Cette perception « corrigée » doit également se répercuter dans le langage qu’utilise le client pour décrire sa situation. Autrement dit, le client doit cesser d’utiliser des mots comme « problème », « problématique », « difficile » et « difficultés ». Alors, il s’agit ici de ce que l’on appelle en termes neurolinguistiques, recadrer une distorsion cognitive.

Il est tout à fait normal que parmi les quatre grandes habiletés, la compréhension auditive, la compréhension de l’écrit et de l’expression écrite soient meilleures que celle de l’interaction orale.

Le tableau ci-dessous illustre bien le profil linguistique typique d’un client et cet écart entre les habiletés dites « passives » de celle qu’on pourrait qualifier d’« active ».

 

 

Comment s’explique ce phénomène?

Les deux premiers points sur le graphique représentent des activités dites « passives » pour le cerveau; c’est-à-dire, lire et comprendre des phrases déjà structurées. C’est du « tout cuit dans la bouche » et vous n’avez qu’à décoder ce que vous entendez ou lisez. Façonner et organiser vos pensées, choisir des mots, utiliser des verbes en contexte avec des conjugaisons appropriées et construire des phrases sollicite des processus cognitifs assez complexes, nombreux et variés. Le cerveau travaille fort dans ce contexte!!! Mais il bénéficie souvent du temps pour pouvoir réfléchir avant que vous ne produisiez les propos dont il est question.

Alors que les habiletés dites « passives » exigent déjà un cocktail de fonctions et sous-fonctions cognitives, l’interaction orale en sollicite davantage, ce qui explique la complexité résultante.

 

En d’autres mots, cela signifie que votre cerveau travaille fort
à coordonner plusieurs opérations cognitives simultanément lorsque vous parlez et de surcroît,
en présence d’un interlocuteur ou un auditoire, vous ressentez une certaine urgence (réelle et ou perçue)
vis-à-vis le temps dont vous disposez pour produire votre discours.

 

Je conseille à mes clients de cesser de faire des comparaisons entre leurs habiletés passives et actives, car en faisant cela, ils comparent des pommes avec des oranges et ils se décourageront rapidement devant la tâche.

Lorsque mes clients me font part de leur insatisfaction par rapport à leurs habiletés en interaction orale, j’ai l’impression qu’ils s’imaginent pouvoir parler aussi bien qu’ils écrivent. Soyez réalistes face à vos attentes en lien avec ces différentes compétences et posez-vous les questions suivantes en guise de mini-recadrage :

  • Utilisez-vous les mêmes propos dans votre discours quotidien que ceux que vous retrouvez dans votre livre préféré?
  • Disposez-vous du même temps pour émettre votre opinion verbale que lorsque vous composez un texte?

L’important est de comprendre et de miser sur les différences inhérentes aux quatre habiletés précédentes et ainsi, poser les bons gestes pour arriver à votre objectif de mieux vous exprimer oralement en anglais ou en français.

 

Par exemple, si votre objectif est de mieux écrire, pratiquer à rédiger des textes vous aidera,
mais cela n’aura que peu d’impact sur l’amélioration de votre interaction orale.

 

Concrètement, pourquoi un recadrage?

Comprendre le processus par lequel on apprend (le « comment ») est primordial à toute démarche d’apprentissage que l’on entreprend. L’une des grandes variables de l’expérience permettant d’aboutir au succès, repose sur nos propres perceptions.

 

Le cerveau ne distingue pas la différence entre un obstacle perçu de celui qui est réel.

 

Alors, se départir du fardeau des obligations de performance et se faire rassurer d’être dans « la moyenne des ours », fait en sorte que mes clients ressentent un grand soulagement face à leur propre processus d’apprentissage. Cela permet d’enlever tout écueil perçu pour pouvoir rediriger les efforts et les apprentissages sur le volet linguistique de l’intégration d’une langue.